Les investissements longs s’accommodent mal de la valse-hésitation des performances de court terme. Au-delà des facteurs conjoncturels, il faut du temps pour que les actifs révèlent leur nature profonde. En apportant une autre vision des actions, des obligations, de l’or et de l’immobilier, l’étude2 de l’IEIF invite à revoir les jugements que l’on porte sur chacune de ces classes d’actifs.
Depuis dix-sept ans que l’Institut de l’Épargne Immobilière et Foncière (IEIF) réalise son étude annuelle sur l’évolution comparée des performances des placements en France, rarement une période a été aussi agitée que celle que l’on vient de vivre. Pourtant, la plupart des séries statistiques utilisées partent de 1972. Elles incluent donc les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979, le krach boursier de 1987, la crise immobilière des années 1990, la bulle Internet de la fin de ces mêmes années 1990 et son éclatement en 2000, etc.
En 2008, les marchés boursiers enregistrent une chute d’une ampleur telle que la comparaison avec 1929 s’impose. En 2009, le rebond amorcé au mois de mars est tout aussi spectaculaire. Mais les calculs en pourcentage, nous le savons tous, peuvent induire en erreur si l’on n’y prend pas garde : quand un indice a baissé de 50 %, il faut une hausse de 100 % pour le ramener à sa hauteur initiale.
L’année 2009 n’aura pas suffi à ramener les actions sur la première place du podium. On constate même que l’investissement en actions est perdant sur dix ans. Cela amène les épargnants à douter d’un placement dont on leur a toujours dit qu’il était risqué, certes, mais gagnant sur le long terme. L’évolution des actions depuis le début de 2010, en termes de prix comme de volumes échangés, laisse penser qu’elles auront beaucoup de mal à reconquérir la confiance des investisseurs.
Simple parenthèse ? Ce changement de statut des actions frappe les observateurs parce qu’il touche une classe d’actifs traditionnellement abonnée aux meilleures places dans les classements selon les performances à long terme. Comment faut-il l’interpréter ? Est-ce une simple parenthèse, le résultat d’une conjonction de phénomènes exceptionnels ayant peu de chances de se reproduire ou cela marque-t-il le début d’une nouvelle ère ? La lecture des études annuelles de l’IEIF sur le sujet incite à se garder de toute conclusion définitive et de toute extrapolation. L’histoire des placements est riche en rebondissements, et les quatre dernières décennies nous offrent une variété de situations telle qu’on pourrait croire qu’elles ont été imaginées par un professeur de finance soucieux de montrer tous les cas de figure à envisager.
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