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Le graphique ci-dessus vous donne, sur une période de plus de 40 ans, l'évolution du ratio Prix/Loyer moyen des logements anciens pour la France
métropolitaine. L'indicateur est calculé à partir de données élaborées par l'INSEE:
Indice trimestriel des prix des
logements anciens - France métropolitaine - Ensemble - Indice CVS (Base 100 au 4ème trimestre 2000).
Indice des prix à la
consommation - IPC - Ensemble des ménages - France métropolitaine - par fonction de consommation - Loyers des résidences principales
Les chiffres de l'INSEE sont fiables mais connus avec un retard de 3 à 6 mois. Pour
avoir un repère, j'ai prolongé la courbe (trait en pointillé rouge) sur la base d'une baisse des prix de 10% par an et une hausse des loyers de 2% par
an.
Ce graphique est mis à jour tous les 3 mois, dès que les chiffres de l'INSEE sont disponibles.
Définitions
Pm/L correspond au ratio prix moyen à la vente sur prix moyen à la location. Il s'agit ici de prix observés sur le
marché.
Pe/L correspond à un prix théorique calculé à partir des fondamentaux économiques, notamment
les taux d'emprunt. C’est le prix d’équilibre Solution Achat = Solution Location.
L correspond au prix moyen à la location observé sur le marché.
Deux mots sur le prix d'équilibre Pe/L
Pe/L est calculé à partir des fondamentaux économiques, notamment les taux d'emprunt. Il donne un prix d'arbitrage
Solution Achat = Solution Location. Mais attention, ce prix d’arbitrage ne tient absolument pas compte de la plus-value ou moins-value que vous allez avoir lors de la revente. Il est
calculé sur la base d’un marché équilibré : La hausse des prix se faisant au même rythme que celle des loyers (Pm/L est constant dans le temps). Donc, en dehors de toute spéculation, à la hausse comme à la baisse, Pe/L est le prix d’arbitrage qui permet d’obtenir un
rendement locatif égal à celui d’un placement sans risque. Il faut avoir à l’esprit que ce prix
d’arbitrage n’est valable que pour une résidence principale. En effet, dans le cas d’un investissement locatif (j’achète pour louer) on calcule un prix d'arbitrage Pe/L au minimum 25% plus bas
que celui d'une résidence principale: les frais sont largement plus élevés (2 loyers par an pour une résidence principale et > 4,5 loyers par an pour un investissement locatif).
Pour en savoir plus sur le calcul de Pe/L et Pm/L >> Estimation d'un actif immobilier
Voir également >> La valeur d’un logement par le
ratio Prix-Loyer
Analyse des derniers chiffres de l’INSEE
Les taux d'emprunt remontent et bien évidemment le prix d'équilibre Pe/L chute au niveau de 236,5 loyers ! Le
prix moyen du marché est autour de 252,3 loyers.
Sur un an, les prix ont augmenté en moyenne de 9,5% et le ratio prix /loyer a augmenté de 8,1%. Sur la même période les loyers ont progressé de 1.26% sur un an. Par rapport au point le
plus haut (1/1/2008), le Ratio Prix / Loyer présente une baisse de 3,6%.
La hausse des taux d'emprunt a pour effet de faire baisser le prix d'équilibre. Le ratio Prix/Loyer est maintenant
repassé au dessus du prix d'équilibre. Il est très important d'avoir conscience de la forte sensibilité des prix de l'immobilier aux variations des taux d'intérêt,
je vous invite à lire mon dernier
article Février 2011: Point sur
le marché immobilier (Nouveau)
Pour mieux comprendre le marché immobilier Faut-il acheter pour se loger ?
(1)
Analyse du graphique (Rappel)
Sur les 40 dernières années, on observe une période de forte spéculation qui a duré 26 ans (1970 à 1996). Pendant toute cette période, le ratio Pe/L est largement inférieur à Pm/L. Seule la
hausse des prix permettait de rentabiliser un achat immobilier. Cette période est marquée par deux bulles. La première bulle éclate en 1981 alors que les prix étaient en moyenne de 168 loyers.
Elle a été suivie d'une baisse de 16%. La bulle suivante a eu lieu en 1991 et a atteint une amplitude de 169 loyers. La baisse qui a suivi a amené les prix autour 130 loyers (-23%).
La période 1996 à 2005 est caractérisée par une très forte hausse des prix qui a comme origine la très forte baisse des taux d'intérêt. Pendant pratiquement 10 ans les prix de l'immobilier ont
été parfaitement cohérents avec les taux d'emprunt pratiqués sur le marché (Pm/L≈Pe/L). D'une année sur l'autre les prix étaient plus élevés mais la baisse des taux compensait assez bien la
hausse des prix. Tout le monde était heureux: les vendeurs devenaient riches et les acheteurs allaient s'enrichir. A la fin de l'année 2005 le ratio Prix/Loyer était de 240, alors qu'il était de
130 au début de l'année 1997. La hausse de 85% de ce ratio montre très clairement que pendant toute cette période les loyers ont nettement moins progressé que les prix.
A partir de début 2006 les choses changent, car les taux ont commencé à remonter. En moins de trois ans ils ont été multipliés par 1,47 (soit 47% de hausse). Pour donner un ordre de grandeur, en
2005 les taux étaient de 3,4% alors qu'en octobre 2008 ils étaient autour de 5%. Cette hausse des taux de 147 points semble bien peu de chose, mais en fait elle a eu pour conséquence d'augmenter
le loyer de l'argent de 47%.
Le coût du crédit devenant plus élevé, les prix auraient dû logiquement descendre. Malheureusement, pendant que les taux remontaient, les prix ont poursuivi leur ascension pour atteindre début
2008 un ratio Prix/Loyer de 262. C'est donc à partir de début 2006 que l'on pouvait réellement parler de bulle. Aujourd'hui les prix du marché sont complètement à côté de la plaque, notamment par
rapport à l'évolution, sur la même période, de notre PIB et du pouvoir d'achat des Français.
Fin 2005, la croissance des prix de l'immobilier était proche de 15% et la hausse des prix nourrissait la hausse: la certitude que ce que j'achète aujourd'hui vaudra bien plus demain. L'acte
d'achat dépendait uniquement d'un phénomène de psychologie de masse et non pas de l'analyse financière fondamentale. Il faut bien comprendre que cette croissance des prix (15% par an en 2006)
permettait à un acheteur d'avoir un délai de retour sur investissement (ROI) inférieur à un an ! C'est-à-dire qu'au-delà d'un an il avait un équivalent loyer inférieur à celui de la solution
location.
Bien évidemment cela ne pouvait pas durer. La hausse des taux ainsi que celle des matières premières ont entamé le pouvoir d'achat des acheteurs. L'affaire des subprimes nous a fait
prendre conscience que nous étions au bout de quelque chose. Et maintenant la crise économique inquiète les gens. Ils ont peur de l'avenir. Tous ces problèmes ont la même cause racine : les excès
de liquidité monétaire pratiqués ces dernières années. La masse monétaire mise en circulation a progressé trop vite par rapport à la croissance de notre PIB. Les taux d'intérêts ont été trop bas
et pendant trop longtemps.
Compte tenu de l’évolution des loyers et du PIB par ménage, les prix sont aujourd’hui surestimés de 90 % ! Nous sommes donc bien dans une bulle. Pour retrouver des prix en ligne avec la richesse
produite par les ménages, le ratio prix sur loyer doit baisser de 47 %, soit des prix autour de 133 loyers. Ne pas oublier qu'en 1998 les prix étaient en moyenne autour de 130
loyers, et permettaient d'obtenir un rendement brut de 8,4%.
Les articles que je vous recommande
Une vidéo particulièrement intéressante où Jean-Pierre Petit nous dit toute la vérité sur le marché immobilier français.
Retour sur la bulle immobilière de 1991
Le site esprit-riche.com propose une sélection d'articles écrits sur l’immobilier pendant la
précédente crise en 1991. Ces articles n’apporte pas vraiment d’informations en tant que tel mais permettent de voir la tendance du discours médiatique et surtout son décalage avec la réalité.
Parfois il est risible de voir les « spécialistes reconnus » prédire fin 1989 que «le ralentissement de la hausse des prix des logements anciens est peu probable ».
Pour illustrer ce qui se passait dans la vraie vie pendant ce temps là, voici les statistiques des notaires (concernant Paris uniquement). Les statistiques des notaires, bien que disponible avec
environ 6 mois de retard, sont les seuls chiffres fiables concernant l’immobilier. Vous constaterez au passage qu’en 2004, certains arrondissements n’avaient toujours pas retrouvé leur prix de
1991.
La suite de l'article (esprit-riche.com)
Il faut écouter les économistes qui parlent de notre bulle immobilière (à la position 26 minutes de cet enregistrement).
L'intégralité de l'interview de Mathilde Lemoine, invité de Stéphane Soumier dans Good Morning Business le 31 mars 2011 sur BFM Business.
Alors que le 31 mars 2011, s’ouvre le Salon de l’immobilier, à Paris, Jean-Pierre Petit, économiste, questionné sur un sondage disant qu’un locataire sur deux pense ne jamais devenir
propriétaire, il affirme que cette enquête "exprime une forme de détresse". Pour lui, la "société propriétaire" est un "mythe". A l’inverse, ce qui "a du sens micro-économique" est d’"améliorer
ses conditions de logement". "Etre propriétaire en toute circonstance, à n’importe quel prix, quel que soit le cycle de vie des gens, ça n’a rigoureusement aucun sens (...) Ça n’a qu’un sens
politique".
"On est dans une bulle (immobilière), car les prix sont totalement déconnectés des revenus (...) des loyers (...) des valeurs d’équilibre de moyen et long termes", estime notre invité. Et de
renchérir : "Nous vivons en économie de bulles depuis vingt-cinq ans (...) qui est marquée partout dans le monde occidental par une évolution des valeurs patrimoniales plus fortes que
celles des revenus", qui s’accompagne de "la baisse des taux" des prêts.
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